Philippe Barbier
Psychopraticien à Sète
 

Philippe Barbier, psychopraticien à Sète

Apprendre à dire NON


La leçon du piano.

 

  • Salut, qu’est-ce que tu fais ce week-end ?
  • -Euh …
  • OK, alors dans ce cas, puisque tu es libre, viens m’aider à déménager parce que je suis en galère mon beau-frère ne peux pas venir et on ne sera pas de trop pour descendre le piano des trois étages !
  • -ben, c’est  à dire que …
  • Ah non me laisse pas tomber s’il te plait, j’ai vraiment besoin de toi !
  • Bon, ok alors je vais venir…

 

Ca vous parle ce genre de situation ?

On raccroche à peine et on regrette déjà d’avoir dit oui alors qu’on avait prévu un ciné avec des amis ou une balade en forêt.

On s’en veut tellement qu’on imagine a posteriori tous les scénarios possibles pour revenir sur sa parole !

Il en ressort le plus souvent un sentiment de faiblesse et de dévalorisation:  je manque de personnalité, je suis faible, je me fais toujours avoir, etc.

 

 

Détrompez-vous, vous ne manquez pas de personnalité, c’est simplement à l’endroit de la l’Affirmation de Soi que ça se passe.

Vous avez fait passer les besoins de votre ami avant les vôtres par peur de froisser, de décevoir, de ne pas être aimer, de subir des reproches …

Le problème dans ce genre de situation, c’est que bien souvent personne n’est gagnant, ni vous, ni les autres. Vous irez sans doute à contre-coeur, vous subirez les reproches en plus de vos amis fans de ciné ou de balade, voire même vos allez vous faire mal au dos en portant ce piano parce que vous n’êtes pas vraiment à ce que vous faîtes.

Je grossi à peine le trait n’est-ce pas ?

 

Comment faire, comment écouter ses besoins  ?

 

Nous sommes tous habitué(e)s à mener une conversation du tac au tac, questions-réponse, etc.

Parfait, pas besoin de réfléchir des heures avant de répliquer sauf que … Il y a parfois des conversations, des sujets, des questions qui méritent que l’on marque un temps avant de répondre, un temps ou plus exactement le temps nécessaire à la réflexion.

Et lorsqu’il s’agit d’écouter ses besoins, de peser le pour et le contre entre telle ou telle option, de discerner peut-être une exigence d’une demande ouverte, ce temps de réflexion peut s’avérer salvateur.

 

Leçon numéro 2.

- Salut, qu’est-ce que tu fais ce week-end ?

  • Euh …
  • OK, alors dans ce cas, puisque tu es libre, viens m’aider à déménager parce que je suis en galère mon beau-frère ne peux pas venir et on ne sera pas de trop pour descendre le piano des trois étages !
  • Je comprends ton soucis, mais comme justement c’est le week-end, je ne suis pas libre, j’ai besoin de décompresser et j’ai prévu de sortir avec mes amis.
  • Tu sortiras une autre fois !
  • Tu sais, c’est important pour moi, j’ai besoin de ce temps de repos, j’ai également besoin de partager ces moments avec mes amis que je ne vois pas de la semaine et en même temps je comprends que tu sois dans la galère.
  • On n’est que deux pour le piano !
  • Ecoute,  laisse moi du temps pour te répondre …

 

Bravo, vous avez réussi la première épreuve, vous avez su exprimer vos besoin et su également vous donner le temps de la réflexion.

La deuxième chose à faire est de vous interroger, de vous questionner à l’intérieur de vous-même :

Est-ce que j’ai VRAIMENT envie d’aider cet ami au point de renoncer à ma sortie ?

Qu’est-ce que je ressens au fond de moi si j’accepte ou bien si je dis non ?

Qu’est ce qui justifierait au-delà de la peur de froisser cet ami que je renonce à mes projet ?

Qu’est-ce qui me procure de la joie ?

Qu’est-ce qui se passerait de si grave si je disais non ?

Enfin, pourrais-je lui faire une autre proposition qui accorderai mon désir de rendre service et mon envie de me distraire, un autre jour de la semaine, l’orienter vers une personne plus disponible, etc ?

 

Exprimer ses besoins et faire une demande.

C’est l’étape finale, celle qui va vous permettre de dire non (si vous avez pris cette décision en écoutant vos besoins).

 

  • Allo ?
  • Alors ?
  • Ecoute, j’aurai à coeur de t’aider mais je te l’ai dis, je bosse toute la semaine et j’ai vraiment besoin de repos et de sortir avec mes amis. C’est vraiment important pour moi de leur accorder du temps et je me suis engagé pour ce week-end. Si tu ne trouves pas de solution, je peux venir le week-end prochain ou bien un soir de la semaine pour le piano ou porter des cartons. Je comprends bien que tu sois pris au dépourvu et que c’est important pour toi de trouver de l’aide mais ta proposition tombe au mauvais moment pour moi. Qu’est-ce que tu en penses ?

 

Votre ami comprendra vos besoins si vous les exprimez de cette manière, si c’est vraiment une demande et non pas une exigence. Les vrais amis ne posent pas d’exigences en général.

 

La Communication Non Violente.

Marshall Rosenberg*, le père de la Communication Non Violente a posé les jalons de ce type de communication : écouter (observer) la demande, s’interroger sur ses sentiments suite à cette demande, identifier ses besoins réels face à cette demande (ce qui est bon pour Moi) et éventuellement faire une demande, une proposition qui pourrait prendre en compte ses besoins et ceux de son interlocuteur.

Ca demande un peu (beaucoup)  de pratique mais c’est très efficace en toutes circonstances en particulier lorsque pointent les éléments d’un désaccord, d’une discordance, d’une friction.

Et le plus important c’est que c’est un levier essentiel à la reconquête de l’Affirmation de soi !

 

S’exprimer à la première personne.

Mon conseil : surtout exprimez vos besoins à la première personne, c’est de vous qu’il s’agit non pas de l’autre !

Tu me préviens trop tard, tu me prives de mes amis, tu aurais pu t’organiser autrement … tous ces tu, tuent toute forme possible de dialogue constructif et seront inévitablement perçus (à juste tire) comme des reproches.

Quelle que soit votre décision, prenez-la en fonction de vos besoins (y compris aider, rendre service …) et non pas pour faire plaisir, motivé par un sentiment de culpabilité, etc.

Quelle que soit votre habileté à pratiquer ce mode de communication, ne vous mettez pas la pression, si vous sentez pressé(e) par votre vis à vis, gagnez du temps, le temps de la réflexion et gardez en tête les vertus de l’affirmation de ses besoins.

 

N’oubliez pas, dire non c’est dire oui à ces besoins !

 

*Marshall Rosenberg ( les mots sont des murs ou des fenêtres - Ed. La Découverte)

 


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