Philippe Barbier
Psychopraticien à Sète
 

Philippe Barbier, psychopraticien à Sète

Pourquoi meure-t-on davantage en janvier ?


C’est un fait, la mortalité est plus importante en France au mois de janvier que pendant le reste de l’année et c’est aussi vrai pour le reste de l’Europe. Loin de moi l’idée de me lancer dans une explication fumeuse vu qu’aucune étude n’a pu donner d’explication à ce phénomène. Mon intention est plutôt d’évoquer le phénomène du deuil.

En effet, je reçois régulièrement des patient(e)s qui consultent face à la difficulté rencontrée lorsque deuil intervient. Lorsque l’on perd un proche, parent, enfant, la douleur est insupportable, la peine semble insurmontable.

Sachez en premier lieu, que dans un premier temps, rien ne peut atténuer ou écourter cette douleur. On parle de travail de deuil, je ne sais pas si le terme est juste, ce qui est certain c’est qu’il est indispensable de faire le deuil de la disparition de l’être aimé pour se reconstruire.

Qu’est-ce que ça veut dire faire un travail de deuil ?

Le travail de deuil se déroule sur une ligne du temps.

Plus la perte de l’être cher est douloureuse (parent très proche, enfant …), plus la durée du deuil est longue. Il est inutile d’imaginer réduire cette durée, le temps du deuil a son propre timing, on parle d’une année au moins pour un être proche. Cela ne signifie pas qu’au bout d’une année tout rentre dans l’ordre comme si rien ne c’était passé, bien entendu, cela signifie qu’à l’issue de cette période de deuil, on peut envisager reprendre une vie un peu plus normale. Il est important de comprendre que pendant la période de deuil, on risque de passer par des états émotionnels très forts et déstabilisants.

On a l’habitude de citer le choc puis le déni au début (on ne veut pas croire que cela est arrivé), la colère (on s’en veut, on se sent coupable ou bien on accuse tout ce qui a pu contribuer à cette issue fatale, entourage, corps médical, malchance, etc.), la tristesse et enfin, la résignation qui annoncerai le début de la période d’acceptation elle même annonciatrice de la fin de la période de deuil et du début de la phase de reconstruction.

Cette grille de lecture peut paraître un peu simpliste et grandement contestable à première vue mais peu ou prou cela décrit assez bien la palette des émotions qui traversent le coeur d'une personne endeuillée, 

 

Ne faites rien ...

Si vous traversez une période de deuil, je ne peux que vous conseiller … de ne rien faire.

Ce que vous vivez, aussi douloureux que cela puisse être, est non seulement normal (vous ne souffrez-pas de trouble mental, vous souffrez c’est tout), mais il est aussi indispensable de vivre cette période pour pouvoir s‘en libérer ensuite. C’est la raison pour laquelle, on ne prescrit pas d’antidépresseurs ou de travail introspectif intense pendant cette période. Votre thérapeute concentrera son énergie et son talent sur un accompagnement, une écoute, un soutien mais sans doute pas vers une introspection psychologique, ce n’est pas le bon moment.

Ce travail sera par contre très utile lors de la période de reconstruction mentale.

L’autre aspect caractéristique du deuil qui survient en général pendant ou après la succession des émotions choc, déni, colère, tristesse, acceptation, concerne le manque, manque de la personne et aussi le manque que l’on peut ressentir suite à une disparition.

Ce manque peut prendre à peu près toutes les formes possibles y compris symboliques, métaphoriques, somatiques …

 

Comment et pourquoi remplir ce vide ?

En physique le vide crée la dépression, en psychologie c’est un peu la même chose.

Un des danger d’un travail de deuil non réalisé c’est le risque de dépression.

S’il est impossible d’évacuer les sentiments de colère, culpabilité, déni, tristesse et autre, alors la vie devient compliquée à vivre. L’énergie de vie s’épuise, le gout de vivre, la dépression s’installe et avec elle son lot mortifère (dépendances, angoisses, conduites à risque, etc.).

Alors me direz-vous comment remplir ce vide, est-ce seulement possible ?

C’est d’autant plus possible qu’il semblerait que cela fasse partie de la nature humaine. Depuis, peut-être le début de l’humanité (au moins chez l’homo-sapiens), l’homme a créé des rituels pour négocier avec la mort. Rituels d’inhumation, mais également élaboration de légendes, de récits, de concepts spirituels permettant de se représenter la mort de manière acceptable. La plus proche de notre culture judéo-chrétienne étant la notion de paradis.

Ce qu’il faut retenir surtout c’est qu’il est important pour terminer un travail de deuil, d’en passer par cette construction mentale et affective qui va nous permettre de rendre cette disparition acceptable, envisageable  pour continuer à vivre.

Certain(e)s vont honorer et cultiver la mémoire du disparu, accepter son absence charnelle mais entretenir un lien affectif, éthéré, spirituel indéfectible avec l’âme du mort. D’autres se lanceront dans une entreprise de réparation de l’absence en participant activement au financement d'un centre de recherche contre une maladie, d’une association d’aide aux victimes de X. Enfin, d’autres transformeront la peine en une énergie positive susceptible de rendre hommage ou de plaire a postériori au cher disparu : tu rêvais de faire le tour du monde en bateau et bien je vais le faire pour toi, pour te rendre hommage. Ou encore, ta disparition me fait me rendre compte que la vie est courte, je vais réaliser mes rêves et t’associer à ma nouvelle vie.

Faites ce qui vous semble bon pour vous.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire (de marchandage disent les psy), dans ce cas on fait ce que l’on ressent, ce que l’on peut avec ses moyens.

Certains seront sensibles à l’aspect spirituel, d’autres l’aspect symbolique, d‘autre encore à la dimension matérielle, peut importe, il s’agit de Vous à travers ce travail de deuil.

 

Dernier conseil, si un(e) de vos proches vit un deuil, évitez de le (la) consoler, ne cherchez pas à minimiser la chose, soyez simplement en totale empathie avec cette personne. Offrez-lui votre épaule, vos bras, tous vos mouchoirs c’est la meilleure attitude à avoir dans ces circonstances.

 

Allez encore quelques jours et janvier sera passé, on croise les doigts !

Bonne année à toutes et à tous.


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