Vous avez dit diagnostic ?
Petit billet d’humeur ce matin en prenant des nouvelles d’un patient soigné en psychiatrie et ayant suivi trois cures en maison de repos au cours de ces cinq dernières années pour trouble dépressif persistant.
Il m’annonce que son psychiatre vient de lui diagnostiquer un trouble bi-polaire et que par conséquent son traitement antérieur (antidépresseurs, anxiolytiques, etc.) n’était pas adapté à sa pathologie et qu’il faut tout changer !
Même si je suis surpris par ce nouveau diagnostic, je me dois de prendre en considération l’avis du médecin psychiatre. Il n’empêche que se pose une fois encore la question de la fiabilité d’un diagnostic en la matière.
Combien de personnes se découvrent bi-polaire ou borderline sur le tard alors qu’elles ont consulté maintes et maintes fois !
C’est aussi le cas inverse pour des enfants de type haut potentiel diagnostiqués comme borderline par exemple.
Bien entendu, il peut être parfois très complexe de se prononcer et d’établir un diagnostic, il y a beaucoup de co-morbidité dans toutes ces pathologies et on peut y perdre son latin, d’autant que les symptômes ne sont pas tous aussi identifiables que dans le DSM (l’ouvrage de référence en la matière qui sert souvent de support pour étayer un diagnostic).
D’autre part, il est évidemment hors de question de se prêter au jeu de l’auto-diagnostic (on voit ce que ça donne avec les HPI !) mais je ne pourrais que conseiller à celles et ceux qui se posent des questions sur l’origine de leurs souffrances psychiques (et c’est aussi vrai pour leur entourage) de ne pas exclure la piste d’un trouble mental qui peut être tout à fait mineur d’ailleurs.
Soyez un patient actif et exigeant.
On ne parle pas de démence mais bien de troubles handicapants qui, une fois pris en charge, peuvent parfaitement être compatibles avec une vie normale, apaisée, sociale, etc.
Dans ce cas, consultez en connaissance de cause, je veux dire, ne pas se contenter d’un diagnostic si vous ne le sentez pas, posez mille et une questions c’est votre droit, interrogez des associations spécifiques, identifiez les services dédiés au sein de certains CHU comme le Centre de Thérapies de Troubles de l’humeur et Emotionnels de Montpellier par exemple. Il existe également de bon sites dédiés sur le net comme Psykocouac ma chaîne You Tube de référence en la matière tant j ‘apprécie l’approche décalée de Pedro Sanchau son créateur.
En un mot soyez actif car vous êtes la personne qui vous connait le mieux !
Sachez également, que l’accompagnement par un(e) thérapeute quelle que soit son domaine si la thérapie ET le(la) thérapeute vous conviennent est, à mon sens, la meilleure façon d’agir pour retrouver un équilibre plus stable, désamorcer des conflits, des peurs, des croyances limitantes, profiter de l’écoute et de l’accompagnement de son thérapeute autant et aussi longtemps que nécessaire.
Neurosciences et psychopathologie
Personne ne conteste le fait que l’on ignore encore beaucoup de choses dans le domaine de l'étude des troubles mentaux, les neurosciences et l’épigénétique venant chambouler les idées reçues à ce propos. On ne peut plus aujourd’hui attribuer un trouble mental quel qu’il soit, uniquement à des facteurs psychiques ou environnementaux, cognitifs et représentationnels, on a par exemple, identifié des facteurs génétiques susceptibles de dégrader le fonctionnement neurobiologie au détriment des capacités cognitives.
Tout est à re-découvrir et à reconstruire dans ce domaine !
Cette réflexion doit nous faire comprendre qu’il serait aujourd’hui encore plus stupide de poser un jugement moral sur les personnes souffrant de troubles mentaux d’une part et qu’à aucun moment les personnes concernées par ces troubles ne doivent ressentir de la culpabilité.
C'est à nous, l'ensemble des personnels bien-traitants, professeurs en médecine ou thérapeutes accompagnants d'oeuvrer dans ce sens.