Qu'est ce que la peur et comment s'en débarrasser ?

La peur protège du pire.
Tous les psys s’accordent sur ce point, la peur est un mécanisme psychique de protection.
Protection basique quand elle est générée par notre cerveau reptilien, peur = sauver sa peau, éviter l’affrontement.
Pour l’enfant elle peut agir comme un garde-fou, peur du vide, d’un animal menaçant, de l’inconnu sous toutes ses formes. Elle accompagne également l’enfant dans son évolution psychique : peur du noir, des monstres, de perdre ses parents …
Dans ce cas, la peur intervient au coeur d’un travail psychique que traverse l’enfant. C’est normal tant que ça ne devient pas envahissant pour lui, insomnies, cauchemars à répétition, paniques et dans ce cas il est indispensable de consulter.
A l’âge adulte, il est normal d’avoir peur lors de situations présentant des dangers potentiels pour son intégrité physique ( ski, escalade, sports extrêmes, etc.) , c’est encore un mécanisme de protection mais ça devient plus handicapant lorsque cette peur agit sans raison objective ou bien prend des proportions démesurées.
On peut appréhender une situation stressante, de là à vivre des angoisses ou de l’anxiété, il y a une différence notable.
Par exemple, appréhender l’évolution du conflit en Ukraine peut paraître légitime, de là à vivre en permanence dans la peur du pire, c’est autre chose !
Oui, mais on s'en passerait bien !
Nous sommes pourtant parfois traversés par des peurs irrépressibles et fort handicapantes : peur de parler en public, peur de prendre l’avion, de tomber malade, peur de la mort, etc.
Sans oublier les épisodes phobiques : peur des araignées, de conduire sur une autoroute, de la foule, etc.
Enfin (et je dirais surtout), nous adoptons sans cesse des comportements inadaptés sous l’influence de peurs inconscientes. Sabotage de relations par peur d’être quitté, soumission excessive par peur de ne pas être aimé, échecs répétitifs par peur d’assumer sa réussite, etc.
Qu'est-ce qu'il y a derrière la peur ?
Mises à part les peurs légitimes que j’évoque en préambule, il est utile de se poser la question de savoir ce qu’il y a derrière ces peurs inconscientes, de qui ou de quoi nous protègent-elles ?
En réalité la peur agit comme une barrière de protection, elle veut notre bien, autrement dit son message est clair, Attention, ne va pas là, il y a du danger et moi la peur je fais en sorte que tu ne te mettes pas en danger !
Alors de quel(s) danger(s) s’agit-il ?
Qu’est ce qui pourrait être à ce point dangereux à découvrir sur moi-même ?
Les personnes qui ont fait le travail d’aller voir ce qui se trame derrière la peur, et ce avec l’aide d’un thérapeute ce qui est absolument recommandé le savent, à l’origine, derrière le mur de la peur se trouve un traumatisme, une blessure, le plus souvent vécu au moment de l’enfance mais pas seulement.
Bien entendu, il y a des traumas de tous ordres allant du divorce des parents à des actes de violence et de maltraitance, mais ce qu’il est important de comprendre c’est que ce ne sont pas uniquement les faits qui sont traumatisants, il faut prendre en compte l’intensité avec laquelle le trauma est vécu à ce moment là !
Sans rentrer dans le détail, on peut quand même comprendre qu’à la petite enfance, le jeune enfant n’a pas les moyens psychiques de comprendre une situation. Comment un bébé qui est tétanisé de peur et qui hurle seul dans sa chambre parce qu’il a besoin du contact rassurant d’un parent pourrait avoir la notion du temps, de l’espace, des contraintes familiales, etc !
Il se sent réellement abandonné, voire même en danger de mort !
Il pourra en grandissant, adopter un comportement pour se protéger de ces traumatismes pour peu qu’il grandisse dans un environnement qui ne le rassure pas.
Et nous avons tous vécu des situations stressantes au cours de notre enfance, susceptibles de renforcer ce sentiment s’il est ancré en nous en particulier dans le cercle familial, scolaire ou social.
Il va de soi que tous les enfants qui pleurent un moment dans leur chambre ne seront pas traumatisés et que tous les parents ne sont pas maltraitants, mais j’insiste sur le fait que l’on omet trop souvent de se mettre à la place de l’enfant et de ce fait on minimise une douleur, un stress, un chagrin, une anxiété.
Peurs et traumatismes.
On imagine facilement ce qu’il peut en être lorsqu’il s’agit de traumatisme lourds, maltraitance, abus sexuels, abandon, humiliation …
Comment continuer de vivre avec ça, comment surmonter la douleur, la peine, le chagrin, la violence, l’injustice ?
C’est à ce moment là que notre amie la peur intervient, elle vient encercler le traumatisme et en interdire l’accès à nos parties conscientes.
On peut parler du mur de la peur.
Même si l’on a le souvenir plus ou moins précis d’un ou d’événement(s) traumatisants que l’on a subit, on a, et c’est bien naturel, tendance à le ranger dans un coin sombre de notre mémoire pour pouvoir continuer à vivre normalement.
Mais c’est surtout sur le plan émotionnel que ça se joue, pas question de revivre ça !
C’est à cet endroit que la peur propose une solution radicale.
Mais, mis à part les cas d’amnésie pathologique, dissociative, il va toujours rester des traces accessibles, des stigmates de ces traumas dans notre inconscient.
Et c’est précisément à la faveur de situations qui peuvent inconsciemment nous rappeler un trauma, nous faire revivre une situation douloureuse que la peur nous rappelle à l’ordre.
De manière consciente, on ne comprend pas, c’est irrationnel et pourtant c’est réel.
Un cas classique de peur paralysante.
L’étudiant tétanisé devant un jury lors d’un examen oral a oublié la raison pour laquelle il est dans cet état de stress épouvantable et rongé par la peur.
Seul son inconscient a fait le rapprochement avec la manière dont son père l’a dévalorisé à de nombreuses occasions, le traitant de bon à rien, d’incapable et comment l’enfant a vécu ces humiliations à l’époque.
Il aura identifié le regard de ces juges -examinateurs au regard assassin d'un père maltraitant.
Voila succinctement ce qu’on peut dire sur ces mécanismes de peur qui parfois nous pourrissent l’existence. J’aurai à coeur lors du prochain post, d’aborder les solutions que l’on peut mettre en place lors d’un travail thérapeutique pour s’en libérer.
D’ici là, comme l’a dit le pape Jean-Paul II, relayant la parole de Jésus : N’ayez pas peur !